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Bénédicte : Bye bye le droit ! Hello la naturo !
« J’ai compris qu’il fallait que j’arrête de vouloir entrer dans une case et que j’essaye de créer la mienne »

Raconte-nous ton parcours.
J’ai eu un bac S. Non par choix mais parce qu’au lycée, les « bons élèves » vont en scientifique. Sauf que je préférais les langues et la philo plutôt que les maths et la physique ! J’ai donc un peu subi le lycée.
J’ai toujours eu un témpérament plutôt artistique, mais j’ai choisi d’entrer en fac de droit. C’était une filière sérieuse, et mon frère et ma soeur étaient passés par là, j’imagine que c’était la suite logique.
J’ai eu un parcours plutôt bon, j’ai intégré toutes les formations réservées aux bons étudiants (Collège de droit, Magistère, diplômes d’université complémentaires etc…).
En deuxième année de droit, j’ai décidé qu’un jour je rentrerai à l’ENA. À partir de là, mes choix de formation ont été dirigés vers cet objectif.
Après mon Master I, j’ai présenté Sciences Po Paris, j’ai été admissible, mais je n’ai pas réussi le grand oral. La même année j’ai présenté l’examen d’entrée à la prép’ENA de Paris I-ENS, échec là aussi.
J’ai retenté ces deux « concours » jusqu’à ce que j’en réussisse un, la prép’ENA de Paris I, quelques années plus tard…
Parallèlement, j’ai obtenu un Master 2 Recherche en droit public et un second Master 2 à la Sorbonne.
J’ai fait plusieurs stages : 3 mois dans un tribunal administratif, 6 mois au Conseil d’État et 6 mois au ministère de l’intérieur.
J’ai adoré mes deux premiers stages. Mais mon expérience au ministère a été compliquée. Je me sentais tellement enfermée ! Pas à ma place. Pas libre.
Je passais mes journées à écrire des mémoires juridiques. Je ne ressentais aucune émulation intellectuelle.
C’est à l’issue de ce stage que j’ai été prise à la prép’ENA de Paris I.
J’ai tenté le concours de l’ENA deux fois, sans succès, malgré de bons résultats en prépa. J’ai alors décidé de faire une dernière année, et de présenter ce concours une dernière fois.
En parallèle, je préparais aussi un autre concours, pour intégrer l’administration du Sénat. Les épreuves me plaisent et je prends presque du plaisir à réviser.
Je passe les écrits puis les épreuves d’admission et arrivent les deux dernières épreuves orales.
C’est à ce moment-là que j’ai compris que je n’aurai pas le concours. Les membres du jury sous-entendent que je vais m’ennuyer sur ce poste, que j’ai un tempérament davantage « leader ».
J’ai senti que je ne leur correspondais pas, que je ne leur allais pas comme j’étais.
Je n’ai donc pas été prise. Cette période a été difficile émotionnellement. Je n’avais plus l’énergie pour présenter une dernière fois l’ENA en août. Pour la première fois depuis des années, je ne savais absolument pas ce que j’allais faire.
J’étais épuisée. Je n’y arrivais plus. J’ai alors consulté mon homéopathe. Ce jour-là, j’ai eu comme un déclic.
Même en faisant partie des meilleurs sur le papier, ça coinçait en bout de course. Je suis « trop ceci », « pas assez cela »…
J’ai compris qu’il fallait que j’arrête de vouloir entrer dans une case et que j’essaye de créer la mienne.
J’ai décidé d’arrêter ma préparation au concours et de ne pas passer le concours de l’ENA une troisième fois.
C’était assez brutal comme décision.
Durant un mois, je me suis posé mille questions avant de comprendre que le métier de naturopathe s’imposait à moi comme une évidence.
Alors j’ai enchaîné directement en présentant ma candidature dans une école de naturopathie.
Je n’ai éprouvé ni regret ni sentiment d’inachevé. J’étais allée au bout de ce que je devais faire !
La première étape fut évidemment d’arrêter ma préparation aux concours. Il s’agissait plus d’une étape « psychologique ». À ce moment-là, j’étais prête et en accord avec cette idée. Donc cette décision n’a pas été difficile à prendre.
Je me suis ensuite renseignée sur les formations et mon choix s’est porté sur une école.
J’ai été retenue, mais sur liste d’attente car la formation était complète depuis longtemps déjà.
Deux semaines avant la rentrée, un coup de fil… Une place vient de se libérer et elle est pour moi !
Évidemment, je dis oui. Malgré mes doutes. « Suis-je en train de faire une grosse erreur ? »
En octobre, je fais la rentrée et tous mes doutes se dissipent !
Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
Je dirais que c’est la transition entre ce que je faisais avant et ce que j’allais faire ensuite (quoi que ça aurait pu être).
Le regard des autres peut être compliqué aussi.
Même si l’on est soi-même en accord avec notre décision, l’entourage peut projeter sur nous ses propres peurs : peur de la profession libérale, peur de l’aspect financier, etc.
Aussi, la difficulté vient du manque de connaissances sur la naturopathie.
Pour certaines personnes, la naturopathie c’est juste « soigner avec les plantes », une médecine un peu obscure, pas vraiment scientifique et qui ne marche que si on y croit.
C’est absolument l’inverse.
Je dois expliquer que j’ai des cours d’anatomie, comme en médecine, que je fais de la nutrition, de la diététique, de l’iridologie (et plus encore !) et que la phytothérapie n’est qu’une petite part de mon travail.
Et je répète que le père de la naturopathie est Hippocrate, dont on voit la statue dans toutes les facultés de médecine.
C’est une démarche assez pédagogique qu’il faut initier : déconstruire les idées reçues. Ce n’est pas de tout repos !
Pour quelles raisons as-tu voulu devenir naturopathe ?
Les raisons sont simples finalement.
J’ai été habituée depuis toute petite à faire attention à la qualité de mon alimentation, à la nécessité de pratiquer une activité sportive ou de bien dormir.
Et en grandissant, ce sont des domaines qui m’ont intéressée et même passionnée. Je me renseignais sur la cosmétique naturelle, les médecines douces…sans que je me dise que je pourrais peut-être le professionnaliser.
La santé au naturel était une distraction, un passe-temps. Et finalement j’en fais mon métier. Je trouve ça magique.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la naturopathie ?
La naturo, c’est complet et divers.
On aborde l’alimentation, le sport, la gestion du mental…sans s’arrêter aux symptômes. On cherche la cause de la cause. Le Pourquoi. Je trouve que c’est très stimulant intellectuement.
C’est un métier d’écoute, de conseil et d’aide aux personnes qui viennent consulter.
Une part de mon activité réside dans la création de contenus pour mon compte instagram professionnel. Et j’adore ça !
Je peux parler des thèmes qui me plaisent, j’y ai une légitimité, et j’y trouve aussi une part d’artistique.
Ce que j’aime aussi dans ce métier, c’est de pouvoir en faire ce que je veux.
Pourquoi pas intervenir dans des écoles pour faire de la prévention sur l’hygiène de vie, faire des ateliers de gestion du stress avec les fleurs de Bach par exemple, allier la naturo et la danse (je ne sais pas encore comment !) ou même écrire pour la presse !
Je note mes idées, je verrai où ça me mène !
Je suis fière de moi.
On pourrait dire que je peux être fière d’avoir pu prétendre à intégrer l’ENA ou toute autre école prestigieuse.
Mais non, je suis fière d’avoir tout arrêté pour me choisir. Je suis fière d’avoir eu ce courage.
Je me dis que tous ces moments difficiles n’ont eu comme but que de m’amener où je suis aujourd’hui. Alors certes, c’était loin d’être agréable, mais l’aboutissement en valait la peine.
Je pense que la première difficulté est le regard des autres, voire même de son entourage.
Certains peuvent prendre une reconversion pour un abandon de ce qu’on faisait avant, pour un manque de ténacité ou manque de courage. Il faut tenir bon face aux préjugés.
Pour ma part, je n’ai jamais pensé que j’avais abandonné. J’ai fait tout ce que je pouvais dans mon ancien projet, et je me suis rendu compte, peut-être un peu tard, qu’il ne me correspondait plus.
Que conseillerais-tu à une femme qui souhaite se lancer dans une reconversion et/ou comme entrepreneure mais n’a pas encore osé franchir le pas ?
Je pense que l’important est vraiment d’être en accord avec sa décision.
Si tu as pesé le pour et le contre, si tu as établi un projet de vie en accord avec tes valeurs, tes qualités et tes besoins, je crois que rien ne peut t’ébranler !
À ce moment-là, tu assumes ton choix et tu trouves les solutions.
Pour commencer, tu peux faire une liste : CE QUE JE VEUX vs CE QUE JE NE VEUX PAS dans ma vie.
Personnellement, c’est ce que j’ai fait. Le plus important pour moi était d’être libre. C’est ce qui me définit. Je déteste avoir des contraintes que l’on m’impose et rendre des comptes.
Et surtout, faire quelque chose qui me donne envie et qui ne me génère pas de stress. Avant, je vivais dans un stress permanent.
Après avoir fini cette liste, dans la minute j’ai envoyé mon dossier pour une école de naturopathie.
Je crois que si l’envie est profonde et le mal être dans son travail actuel bien présent, il n’y a rien à perdre à se lancer, tout simplement.
Ta citation favorite
« Il y a un moment pour réussir dans la vie, et un moment pour réussir sa vie »
L’ESSENTIEL À RETENIR

Bien se connaître
En faisant une introspection profonde, tu identifieras clairement tes valeurs, tes atouts, ton fonctionnement…tout autant d’indices qui te permettront de construire un projet professionnel en accord avec qui tu es !
Aller fouiller au plus profond de soi-même peut sembler effrayant. Mais le jeu en vaut la chandelle ! Parole de coach !

Respecter son écologie personnelle
Pour éviter l’épuisement…voire le burn-out !
Si tu restes trop longtemps dans une situation de surinvestissement et de stress, tu risques de perdre toute ton énergie avec le temps.
Il est donc indispensable de respecter ton « écologie personnelle » en écoutant tes envies et tes besoins.

Surfer sur ses centres d'intérêts
En listant ce que tu aimes vraiment faire, les activités qui te font te sentir naturellement bien, à ta place, et qui te procurent de la joie, tu peux identifier des pistes à professionnaliser.
Bénédicte a une sensibilité pour le bien-être au naturel depuis l’enfance, à travers son éducation puis par son intérêt pour la cosmétique naturelle et les médecines douces en grandissant.
Elle n’avait pas songé à professionnaliser cet intérêt jusqu’à ce que cela devienne évident.

Oser se lancer
Lorsque ta situation devient trop pénible, la seule façon de t’en libérer est d’oser dire STOP et de changer (d’entreprise, de job, d’environnement…).
Tu es actrice de ta vie (pro) ! Tu peux changer ce qui ne te convient plus.
L’important est de savoir ce que tu veux et ce que tu ne veux plus. Avec une feuille de route claire, un objectif précis, comme le dit Bénédicte, « rien ne peut t’ébranler ! »
Retrouve Bénédicte sur Instagram !
Avec son compte naturopathie_au.bord.de.l.eau, Bénédicte s’adresse à tous ceux intéressés par la naturopathie et, plus largement, aux personnes souhaitant retrouver un équilibre physique et émotionnel grâce à une bonne hygiène de vie.
Je te souhaite une belle découverte de ce compte si inspirant !
Si toi aussi tu souhaites (re)devenir actrice de ta vie pro, découvre notre bilan de compétences réinventé !
Un accompagnement personnalisé pour mieux te connaître, construire un projet qui te ressemble et passer à l’action pour ENFIN kiffer ton job !
Séance individuelle de 45 minutes (offerte et sans engagement) pour échanger sur tes besoins et ta situation et voir comment nous pouvons t’accompagner pour répondre à tes attentes.