« Je voyais dans mon job plus de contraintes que de points positifs. »
Raconte-nous ton parcours.
J’ai été préparatrice en pharmacie durant 15 ans.
Suite à la naissance de mon deuxième enfant fin 2017, je voyais dans mon job plus de contraintes que de points positifs comme les horaires (je travaillais le mercredi et le samedi), le fait de partir plus tard que prévu pour pouvoir servir les derniers clients, le manque de reconnaissance…
Déjà à cette période, l’envie de faire autre chose me titillait. Mais quoi ?
En mars 2020, le Covid a accéléré mon besoin de changement : le comportement (parfois excessif) des gens, le bouleversement du métier (la préparation en elle-même était sous-traitée, nous faisions uniquement de la délivrance de médicaments, en tenue de cosmonaute…). J’étais dans une pharmacie de village et une barrière s’est installée entre les personnes et nous. Il n’y avait plus de convivialité. Je ne trouvais plus de sens.
En mai 2020, à la sortie du confinement, mon fils de 2 ans et demi s’est cassé le bras et a dû être plâtré. À une période où les enfants devaient se laver les mains une dizaine de fois par jour ! Il fallait trouver une solution pour s’organiser. J’ai pris un congé parental (pour enfant malade) d’un mois pour le garder.
Ce qui a causé beaucoup d’incompréhension et de reproches au sein de mon officine car en tant que professionnelle de santé, on exigeait de moi que je sois « en 1ère ligne ».
Grosse prise de conscience. Je me suis dit : « C’est décidé, en juin l’année prochaine, je ne suis plus ici ! ».
Cette période m’a beaucoup impacté moralement. J’ai déclenché une maladie de peau qui s’est (heureusement) arrêtée aux mains.
C’était la goutte d’eau.
J’ai alors décidé de lancer ma reconversion professionnelle en entamant un bilan de compétences à distance à l’été 2020.
Pour quelles raisons as-tu voulu devenir Assistante administrative en freelance ?
Le bilan de compétences m’a permis de mettre en lumière ce que je ne voulais plus trouver dans mon nouveau job et notamment l’accueil physique.
J’ai aussi travaillé sur mes compétences (savoir-être et savoir-faire) acquises dans mes expériences professionnelles en officine mais pas que !
Je suis élue dans mon village et, en tant qu’adjointe déléguée de la communication et du commerce, je suis en charge de la rédaction du bulletin municipal et de la gestion des réseaux sociaux. Il se trouve que j’aime beaucoup ces missions et globalement, je me suis toujours intéressée aux nouvelles technologies.
Le bilan m’a permis de mettre tous ces éléments en lumière et de me faire prendre conscience de mes intérêts et compétences.
Rapidement, j’ai donc envisagé de me tourner vers un job qui ne nécessitait pas d’accueil physique, ni de travail le weekend, avec une dimension digitale, la gestion des réseaux sociaux, etc.
Le community management aurait pu correspondre à ces critères mais c’était un job trop « connecté » à mon goût. Alors je me suis tournée vers le métier d’assistante virtuelle, beaucoup plus polyvalent.
Comment as-tu quitté ton emploi ?
J’ai d’abord demandé une rupture conventionnelle, qui -je m’en doutais- a été refusée.
À l’issue du bilan de compétences en octobre 2020, j’ai donc entamé les démarches auprès de Transitions pro pour pouvoir faire une démission pour reconversion. Après presque 3 mois de suivi auprès d’un CEP et un dossier en bêton, la Commission a jugé mon projet réel et sérieux en janvier 2021.
J’ai posé ma démission dans la foulée et j’ai quitté la pharmacie un mois plus tard.
Mon départ s’est relativement bien passé, j’avais parlé de mon envie de changer à mon employeur (qui est une personne très humaine et à l’écoute), ce qui a facilité les choses.
Comment as-tu géré la transition financièrement ?
Avec le dispositif démission pour reconversion, j’ai pu être bénéficiaire des allocations chômage. Ce qui m’assure une sécurité : si mon chiffre d’affaires n’est pas assez élevé, Pole Emploi me complète et s’il est trop élevé, l’aide est reportée.
Actuellement, j’arrive à vivre de mon activité et depuis 4 mois, je n’ai pas touché d’allocations.
Je gagne d’ailleurs mieux ma vie que lorsque je travaillais en officine.
Quelles ont été les étapes pour lancer ton projet ?
En 2021, j’ai suivi une formation de 6 mois d’assistante virtuelle en e-learning, pour acquérir quelques bases (Formalis). J’ai choisi cette formation car je pouvais la réaliser à mon rythme en fonction de mes disponibilités.
Je la complète actuellement par la formation ADEA (Assistante de Dirigeant d’Entreprise Artisanale) pour avoir des bases solides et accompagner au mieux mes clients. Je me suis aussi beaucoup appuyée sur la plateforme de formation Skilleos.
Je suis également une formation afin de connaître les rudiments de l’entreprenariat et comment être épanouie en tant qu’entrepreneur, avec la formation « Entrepreneur Épanoui » de Fabien et Amélie Blot.
Pour me lancer, j’avais déjà un ordinateur (de bureau), j’ai donc pu créer mon site internet (sur Wix) et mes cartes de visite (bien aidée par une amie graphiste, je dois avouer…).
Je me suis lancée officiellement le 1er avril 2021. Un mois plus tard, je signais mon 1er contrat avec un ami chef d’entreprise !
Et j’ai ensuite investi dans un ordi portable, car plus facile pour se déplacer chez les clients.
Comment ont réagi tes proches ?
Mon mari était très inquiet car je quittais un poste en CDI, à 200 m de la maison pour créer mon entreprise avec tous les risques que cela peut impliquer, d’autant plus en pleine pandémie alors que des entreprises fermaient…
Je n’ai parlé de ce projet qu’à des amis proches et entrepreneurs, ce qui m’a boosté.
Pour le reste de ma famille, j’en ai parlé après avoir posé ma démission, ce qui m’a évité bien des jugements et du stress !
Qu’est ce qui te plaît le plus, aujourd’hui, dans ton métier ? et dans ta vie de freelance ?
Ce qui me plait le plus aujourd’hui dans mon métier, c’est la polyvalence des tâches.
Chaque client ayant des besoins différents. Je suis amenée à faire de la gestion administrative sur des missions très variées comme la gestion locative (rédaction de baux, quittances de loyer…), le suivi de règlements, de contentieux ou encore le démarchage de fournisseurs. Je travaille aussi pour des particuliers (démarches de succession suite à un décès, gestion de documents personnels…).
Et dans ma vie de freelance : la liberté ! Je gère mon travail comme je veux, en fonction de ma vie de famille, de mes loisirs, de mes impératifs personnels. Aucun compte à rendre à personne.
Comment se présente une journée type pour toi ?
J’emmène mon fils tous les jours à l’école puis je rentre chez moi ou je vais chez mes clients en fonction de mes missions.
Régulièrement, je fais du coworking avec 2 autres amies entrepreneures, chacune à notre tour, chez l’une ou chez l’autre.
À 16h, je stoppe le travail pour récupérer mon fils à l’école. Il peut m’arriver de retravailler le soir lorsque les enfants sont couchés si des missions doivent être réalisées « en urgence ».
Comment as-tu géré ta vie de maman et ton projet entrepreneurial en parallèle ?
De la même façon que lorsque je travaillais en tant que salariée, même si depuis que je suis entrepreneure, il m’arrive de travailler lorsque les enfants sont là. Mes enfants ne sont en rien un frein à ma réussite.
Quels sont, pour toi, les avantages et les inconvénients d’être maman et d’entrepreneure ?
Les avantages : je suis bien plus présente pour mes enfants, je prends le temps de profiter d’eux. Je gère mon planning comme je veux. Même si je dois bosser 2h le dimanche !
En officine, je travaillais le mercredi et le samedi. Ce qui m’empêchait notamment de participer aux activités scolaires et extrascolaires de mes enfants. J’avais le sentiment de « rater » beaucoup de choses. Aujourd’hui, j’en profite un max. Et je peux enfin être présente pour les entrainements de rugby de mon fils !
Les inconvénients, pour l’instant je n’en vois pas, je dirais qu’il suffit d’être organisée.
Qu’est-ce que tu te dis en regardant ton parcours aujourd’hui ?
J’ai réussi un sacré challenge : quitter un travail sécure pour me lancer dans l’inconnu. Je suis fière et heureuse de là ou j’en suis aujourd’hui. Je gagne bien mieux ma vie et ça c’est une reconnaissance et une joie personnelle.
Aujourd’hui, j’aime ce que je fais. Très souvent, je n’ai même pas le sentiment de travailler et surtout j’ai envie de me lever le matin !
Quelles sont les difficultés d’une reconversion selon toi, et comment les dépasser ?
De savoir où aller et d’émettre le pourquoi. Ce qui aide à savoir ce que l’on ne veut plus.
Dans mon job de préparatrice en pharmacie, je voyais plus de contraintes à rester que d’avantages. J’ai pesé le pour et le contre. J’avais 35 ans. Je voulais profiter de mes enfants. J’avais un métier dans les mains, un diplôme. Donc même si mon projet ne marchait pas, j’avais la possibilité de rebondir. Alors j’ai agi !
Pour dépasser ces difficultés, être accompagné par un coach en bilan de compétences peut donc aider à savoir dans quoi se reconvertir et comment partir de son emploi pour mettre en œuvre sa reconversion. Le bilan de compétences m’a beaucoup aidé, je me suis rendu compte que je savais et savais faire des choses.
Mais il est aussi possible de faire ses propres recherches.
Et surtout, ne pas parler de son projet à des personnes qui ne partagent pas les mêmes valeurs, ce qui évitera les jugements, les périodes de doute…
Que conseillerais-tu à une femme qui souhaite se lancer dans une reconversion et/ou comme entrepreneure mais n’a pas encore osé franchir le pas ?
Je lui conseillerais de se poser les bonnes questions, c’est-à-dire : peser le pour et le contre du travail qu’elle exerce et/ou du poste qu’elle occupe.
Se demander ce qu’elle ne veut plus faire, c’est une question, pour moi, fondamentale qui m’a beaucoup aidé dans mon choix. Et aussi d’identifier quelles valeurs je voulais retrouver dans mon job.
Ta citation favorite
« Prendre des décisions et oser, cela nous bouscule, nous fait peur. Mais au final, la plus grande peur que l’on puisse avoir, ce sont les regrets de ne pas avoir osé le faire.»
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