Lucile : Entrepreneure créative

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« Je fais les choses à mon image, selon mes goûts et mes envies. »

Raconte-nous ton parcours.

Je n’ai jamais eu une grande affection pour l’école.

Au collège, je savais déjà que j’exercerai un métier créatif. Je me suis tournée vers un bac STG spécialité Marketing pour travailler dans le milieu de la publicité.

Loupé ! Je ne m’attendais pas à avoir des cours de droit, de management, de gestion…

Comme j’y étais, autant aller jusqu’au bout, alors je me suis accrochée en me disant que tous ces cours me serviraient probablement pour la suite.

Après le bac, j’ai fait une école de photo pendant 2 ans, toujours dans l’optique de bosser dans la publicité.

J’ai monté une auto-entreprise, pour photographier différents moments de vie (mariage, grossesse, naissance).

J’avais 21 ans et peut-être pas assez mature et confiante pour me vendre.

En parallèle, j’avais un poste pour prendre des photos sur des évènements. Je faisais beaucoup de déplacements et je travaillais les week-ends.

À ce moment-là, ma vie ne me faisait pas rêver et c’était loiiiiin de ce que j’avais imaginé !

Mes beaux-parents tenaient une pharmacie, et ils m’ont proposé de me prendre en formation pour devenir Préparatrice en Pharmacie. J’ai toujours été à l’écoute des gens, bienveillante, dans l’empathie, les qualités premières pour ce poste !

Alors je me suis lancée. L’apprentissage a duré 2 ans.

Je me rappellerai toujours, au dernier jour de cours, une prof m’a demandé « Qu’est-ce que tu attends du métier de préparatrice en pharmacie ? Ta créativité te rattrapera ». Je lui avais répondu « de toute façon, je serai fleuriste un jour ! ».

J’ai laissé traîner pendant 3 ou 4 ans.

C’est un triste événement qui m’a fait réaliser que la vie était trop courte pour attendre de vivre mes rêves et risquer que tout s’arrête sans avoir fait ce que je voulais vraiment.

Alors j’ai entamé ma reconversion et lancé le Lemon Lemon Market.

 

Comment est née ton envie de devenir fleuriste et de créer ton concept store ?

J’ai toujours aimé le milieu créatif et la nature.

Petite, j’étais attirée par les activités créatives et manuelles. Je fabriquais des choses avec mon grand-père et j’ai visité tous les fleuristes, jardinerie et jardins de la région avec mes parents.

Je pense que tout ça a fait germer une petite graine qui a bien grandi !

J’avais mis mon côté créatif entre parenthèses depuis bien trop longtemps en essayant de me convaincre que le job de préparatrice en pharmacie me convenait. Ce job m’a permis de me rendre compte à quel point j’aimais le contact avec les gens. Mais il me manquait quelque chose.

Une fois diplômée, j’ai cherché à me faire embaucher chez des fleuristes mais soit le style ne me correspondait pas soit ça n’allait pas au niveau du salaire (la sortie de confinement était compliquée pour les fleuristes).

Je ne voulais pas être une fleuriste comme les autres. J’avais besoin de me démarquer.

Le déclic s’est ensuite fait rapidement.

Mon mari m’a demandé si j’étais prête à me lever tous les matins pour moins de 1000€/mois pour faire avancer une boite qui n’est pas la mienne. La réponse était clairement non.

Puis un soir, un ami m’a dit « Tu ne trouves pas ce que tu veux ailleurs, alors crée-le ! ».

C’est là que j’ai eu l’envie de lancer mon projet sans attendre. C’était juste le déclic dont j’avais besoin !

J’approchais de la trentaine, et je n’avais plus envie de faire de concessions sur ma vie pro. Je n’avais pas envie de choisir entre le coté fleuriste et créative et le côté relationnel avec les familles. Alors je me suis lancée et j’ai créé ma boutique avec tout ce que j’aime.

Aujourd’hui je suis fleuriste, mais pas que !

Je propose aussi bien des fleurs fraiches que des fleurs séchées et des plantes. Il y a aussi de la papeterie, de la décoration, des bijoux, de l’art de la table, et de la puériculture !

J’ai fait des années de baby-sitting. J’adore les enfants. Et lorsque je travaillais à la pharmacie, j’aimais bien le contact avec les mamans. Créer un « corner famille » avait donc du sens pour moi.

Mon offre évolue en fonction des demandes et de mes envies. Parfois, c’est juste au coup de cœur, du moment que le produit peut trouver sa place dans la boutique !

J’essaie au maximum de faire appel à des petits créateurs et des jolies marques françaises, donc je passe pas mal de temps sur les réseaux à farfouiller pour dénicher des petites pépites ! Des marques qui sortent de l’ordinaire, avec de vraies valeurs, et un produit qui n’est pas fabriqué n’importe comment.

Quelles ont été les étapes de ton projet ?

J’ai obtenu le CAP Fleuriste en 8 mois (alternance de stages et de cours). Comme c’était une formation pour adultes, il y avait uniquement les matières techniques.

C’est parce que j’avais l’idée bien précise du Lemon Lemon Market en tête que j’ai décidé de me former. J’avais déjà acquis quelques bases en me formant seule, et en participant à des ateliers et des cours d’arts floraux.

Mais j’ai préféré passer le diplôme, pour me sentir plus légitime. Tu sais, cette histoire de syndrome de l’imposteur ! En réalité ça ne change rien, le syndrome est quand même là (rires).

En revanche j’ai pu apprendre les bases du métier, gagner en rapidité et en aisance sur certaines techniques, et me faire pas mal de contacts.

J’avais la chance de travailler avec mes beaux-parents qui ont accepté ma demande de rupture conventionnelle.

Ensuite, tout a été fait trèèès rapidement ! Quand je prends une décision, j’aime bien avoir tout, tout de suite !

Trouver le local était la première étape. Celle qui allait permettre de dérouler tout le reste (étude de la concurrence, budgétisation de l’aménagement, etc.).

J’ai quitté mon poste à la pharmacie fin septembre.

Mi-novembre j’avais trouvé le local parfait (qui était en fait celui que j’avais repéré depuis 2 ans !), ce qui m’a permis d’enchainer le reste : choix du statut juridique et rédaction du business plan avec un expert-comptable, négociation avec la banque, création de la société, démarchage des marques et des artisans, signature de l’achat auprès du notaire, lancement des travaux

Mon objectif à ce moment : ouvrir pour la fête des mères ! Malgré des rebondissements et imprévus, le pari a été tenu.

J’avais créé ma page google avant l’ouverture ainsi que mon compte Instagram dès le début de ma reconversion (en février 2019) qui s’appelait déjà Lemon Lemon Market.

Quand j’ai commencé la formation, je partageais mon quotidien et les coulisses de ma reconversion. Au lancement de la boutique, j’avais donc déjà une communauté.

Comment ont réagi tes proches ?

C’était un mélange de beaucoup d’émotions et de réactions différentes !

Du côté de ma belle-famille, le chemin de l’entreprenariat ne les effrayait pas plus que ça car ils sont nombreux à être entrepreneurs.

Mon mari, qui est opticien et entrepreneur depuis plus de 10 ans, m’a soutenu dès le départ et beaucoup conseillé, même si nos milieux ne sont pas comparables.

En revanche dans ma famille c’était tout nouveau. Et je dois avouer que le contexte du moment n’aidait pas à les rassurer puisque j’ai commencé ma reconversion en 2019, lancé mon projet en 2020 (en plein Covid !) et ouvert ma boutique en 2021.

Mes parents m’avaient toujours dit : « Fais quelque chose qui te plait, choisis un métier qui te rend heureuse ! ». Ils étaient donc contents et fiers que je reparte à mes premiers amours et à un métier créatif. Je pense que c’est ça qui a pris le dessus sur l’inquiétude.

Quant aux amis, tous étaient super contents de voir ce projet prendre vie !

Comment as-tu géré la transition financièrement ?

Pour réaliser ma formation, j’avais fait une demande de financement auprès du FONGECIF qui a été refusée une première fois, puis acceptée l’année d’après. Mon salaire était donc pris en charge (sans les primes, ce qui a engendré une baisse de revenus).

Comme j’ai demandé une rupture conventionnelle, j’ai pu bénéficier du chômage pour m’aider dans la création de mon entreprise.

J’ai encore eu une perte de salaire puisque le chômage a été calculé sur le salaire perçu pendant ma période de formation.

Mais cette perte est raisonnable comparé à ce que j’aurais pu toucher au début de mon activité sans les aides.

Même si je touche moins qu’avant, le temps passé à travailler est pour moi, pour le Lemon Lemon Market.

J’ai revu ma façon de dépenser : moins de sorties, moins d’achat compulsifs, de fringues, et autres petits plaisirs (rires). On invite les copains à la maison ou on va chez eux, plutôt que de sortir au resto.

Et je dois avouer que maintenant que je suis plus épanouie dans mon travail, j’en ressens moins le besoin !

Quelles difficultés et quelles joies as-tu rencontrées depuis que tu es entrepreneure ?

Pour la plus grosse difficulté je parlerai du rythme. J’ai l’impression de me réveiller fatiguée dès le matin (rires) ! Je travaille tous les jours pour mon entreprise, il n’y a pas vraiment de jour de repos en fait.

Il y a également le fait d’accepter de ne pas plaire à tout le monde. Quand on propose quelque chose qui ne plait pas forcément, alors qu’on y a mis tout son cœur, c’est parfois difficile à digérer.

C’est un questionnement permanent, qui me poursuit même une fois la boutique fermée : est-ce que cette façon de faire va plaire ? est-ce qu’il vaut mieux que je fasse comme ci ou comme ça ? qu’est-ce que je propose à la prochaine fête ? qu’est-ce que je vais partager sur les réseaux ? qu’est-ce que je dois faire demain ? qu’est-ce que je n’ai pas eu le temps de faire aujourd’hui ou même hier et que je n’ai toujours pas réussi à faire ? 

Tout ça laisse un peu moins de place à l’entourage, aux sorties entre amis, aux réunions de famille et aussi au repos.

La plus grande joie a été la satisfaction d’y être arrivée !

Le premier jour d’ouverture de la boutique était juste dingue ! Cette espèce de vague de bienveillance et d’émerveillement, je m’en souviendrai toute ma vie je pense !

Et puis il y a les rencontres et les liens créés avec des clients devenus fidèles.

Le premier mariage, le premier enterrement que j’ai fleuri dont la famille était très satisfaite.

Le sourire des enfants qui sont contents de venir à la boutique !

Ce sont pleins de petites joies du quotidien qui font du bien et font oublier les difficultés.

Qu’est-ce que tu te dis en regardant ton parcours aujourd’hui ?

Ah ouais quand même, balèse 😉 !

C’est un parcours assez atypique, et qu’est-ce que j’en suis fière ! D’avoir eu l’idée du concept store et d’avoir réussi à aller jusqu’à sa réalisation. 

Chaque période m’a enseignée des choses, sur les autres et aussi sur moi.

Mes compétences de photographe m’aident pour la communication sur les réseaux sociaux et pour le sens artistique que je mets dans mes compositions, dans le souci du détail et des couleurs.

Mon job de préparatrice en pharmacie m’a permis de développer le relationnel client et vaincre ma timidité. 

Chaque expérience m’a apporté quelque chose et être passée par toutes ces étapes avant d’ouvrir le Lemon Lemon Market n’est pas dû au hasard.

Et que je suis aussi très reconnaissante envers ma famille et certains amis !

Quelles sont selon toi les qualités essentielles pour entreprendre ?

Pas trop réfléchir, car si tu réfléchis trop tu ne le fais jamais. 

Croire en soi, en son projet, être organisée, et garder la tête sur les épaules.

Savoir aussi se remettre en question et accepter l’échec car ça t’enseignera toujours quelque chose !

Et enfin, savoir se faire aider

Si tu coches ces cases, tu peux le faire !

Quelles sont les difficultés d’une reconversion selon toi et comment les dépasser ?

Accepter le fait que ce ne soit pas toujours une ligne droite toute tracée !

Ce n’est pas toujours facile mais parfois on est obligé de faire des détours pour arriver à ce qu’on veut.

Et accepter d’être à nouveau débutante dans un domaine et d’apprendre, de poser des questions.

Je pratiquais le métier de préparatrice en pharmacie depuis plus de 5 ans dans la même pharmacie, j’étais autonome. Quand j’ai commencé mon stage de fleuriste, cette sensation de devoir demander confirmation pour tout était assez étrange, mais nécessaire pour bien faire et apprendre !

Que conseillerais-tu à une femme qui souhaite se lancer dans une reconversion et/ou comme entrepreneure mais n’a pas encore osé franchir le pas ?

De faire les choses petit à petit.

Tu n’es pas obligée de tout plaquer d’un coup !

N’hésite pas à aller voir différentes personnes du métier ou secteur souhaité, et leur poser plein de questions pour t’assurer que c’est bien ce que tu as envie de faire.

Quand tu es persuadée de ce que tu veux faire, fonce !

Si tu te mets des  barrières en te disant que tu n’y arriveras pas, que c’est impossible, ce n’est pas bon. Le mauvais attire le mauvais et le bon attire le bon.

Alors crois en ton projet, pense positif, et tu vas y arriver !

Ta citation favorite

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

Retrouve Lucile

Et suit l’actualité du Lemon Lemon Market sur ses réseaux sociaux

L’essentiel à retenir

Parler de son projet dès le départ

Il n’est pas nécessaire que ton offre soit complètement établie, ni même d’avoir un logo ou un site internet pour commencer à communiquer sur ton idée, ton projet. Bien au contraire ! Enrichis-toi des retours de ton entourage. Teste ton idée auprès de ton ou ta client(e) idéal(e) pour bien comprendre ses besoins et adapter ton offre. Tout comme Lucile ou Bénédicte (naturopathe en formation dont tu peux retrouver l’interview ici), partage les coulisses de ta reconversion dès le début pour construire une communauté autour de ton projet, ton fanclub des premières heures. Un soutien indéniable pour le jour J !

Entreprendre pour créer son job de rêve

Si comme Lucile tu as plein d’idées et d’envies, que tu ne trouves pas l’entreprise qui te permettra de cocher toutes les cases du job idéal, ou si ton job idéal n’entre dans aucune case, entreprendre peut être la bonne manière de vivre une vie pro à ton image et être épanouie ! C’est le choix que j’ai fait en créant COMP&SENS. Pendant la phase de réflexion, j’ai couché sur papier toutes les tâches et missions qui constitueraient ma « fiche de poste » idéale. Autant te dire que je serais encore en train de chercher ce poste idéal si je n’avais pas lancé ma société 😉

Accepter de baisser son niveau de vie pour être plus épanouie

L’argent ! On en parle ? Oui c’est important. Oui tu dois payer ton loyer, ton crédit et tes factures. Mais qu’est-ce que ça te couterait psychologiquement, physiquement et financièrement de rester dans une situation qui ne te convient pas ? Alors oui, une réinvention professionnelle peut engendrer une baisse de revenu mais surtout une augmentation de plaisir au quotidien ! Alors ça vaut le coup de revoir ta façon de dépenser, d’économiser si tu le peux, d’envisager des solutions de financement de ton projet (emprunt bancaire ou auprès d’un proche, aides à la création d’entreprise, chômage, etc.) pour un max d’épanouissement.

Se faire aider dans son projet

Entreprendre ne veut pas forcément dire être seule ! Commence par identifier les compétences de ton entourage proche : ton frère est juriste ? Top pour t’aider à choisir le meilleur statut ! Ta voisine est la reine de la gestion ? Demande lui des conseils pour gérer ton budget et ton temps. Tu es allergique à l’administratif ? Il existe des solutions d’accompagnement à la création d’entreprise gratuites ou à faible coût. Renseigne-toi auprès de la Chambre de Commerce de ta région. Les chiffres et toi, c’est pas ça ? Un comptable t’aidera. Tu n’aimes pas travailler seule chez toi ? Demande à Google (ou à Ecosia) quels sont les espaces de coworking près de chez toi ! En plus des folles soirées blind test du jeudi soir, tu auras de grandes chances de croiser des freelances qui pourront également t’aider dans ton projet. Bref, des solutions il y en a. Ose demander de l’aide, le reste suivra.

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Astrid Van Minden

Fondatrice & Coach en réinvention professionnelle.
Ma vision : une agence digitale dédiée à l’épanouissement professionnel des femmes. Bienvenue chez COMP&SENS !

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