« On passe tellement de temps à travailler, autant que ce soit pour ta pomme que celle d’une entreprise qui n’est pas la tienne ! »
Raconte-nous ton parcours.
Après le bac, je ne savais pas trop vers quel métier me diriger, sauf peut-être juge pour enfants. Alors j’ai fait une licence de droit, puis j’ai intégré un master de droit des affaires. C’était beaucoup d’investissement personnel et je me suis vite rendu compte que ce n’était pas du tout fait pour moi. Je ressentais le besoin d’aller vers une orientation plus créative.
J’ai alors arrêté en cours d’année pour intégrer un M1 en stratégie des marques, que j’ai complété avec un M2 marketing digital. Déjà au cours de mes études, je me suis réorientée en cours de route 😊
Dès mon M1, j’ai eu la chance de faire un stage de 6 mois au sein d’une petite agence de marketing et communication franco-américaine qui était spécialisée dans l’univers des vins et spiritueux. Un univers qui me parle beaucoup car je suis fille et petite-fille de vignerons en Bourgogne.
Je suis restée dans cette agence pour réaliser mon M2 en alternance, puis j’ai été embauchée en CDI à l’obtention de mon diplôme.
Nous étions seulement deux, la directrice et moi, à travailler dans le bureau français de cette agence (les autres étaient aux US). Quelques mois après mon embauche, elle est partie en congé maternité et je me suis retrouvée seule pour gérer l’agence.
Avec le temps, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour de la question et l’envie de découvrir autre chose, voire tout autre chose (comme ouvrir un restaurant !), me titillait.
À son retour de congé maternité, j’ai obtenu une rupture conventionnelle (non sans efforts et quelques prises de bec avec la directrice et mon employeur qui refusait notamment de me régler mes congés payés !).
Mes proches ont été un peu surpris que je quitte un job qui, en apparence, semblait parfait : le CDI à 25 ans dans une jolie agence, c’est un schéma qui fait rêver encore beaucoup de personnes. Toutefois, quand j’expliquais qu’il n’y avait que très peu de perspectives d’évolution pour moi et que je souhaitais entreprendre, ils ont vite compris.
Un jour, alors que je prenais du temps pour réfléchir à mon avenir professionnel, j’ai déjeuné avec une ancienne camarade de Sup de Pub qui s’était déjà lancée en freelance. Elle avait beaucoup de travail, alors je lui ai proposé mon aide pour réaliser une prestation événementielle. Puis une deuxième, puis une troisième. C’est naturellement que nous avons commencé à travailler ensemble, tout en gardant chacune notre statut d’autoentrepreneur.
Fin 2019, nous avons finalement décidé de mettre fin à cette collaboration car nous n’avions ni la même vision des choses ni la même manière de travailler. Depuis, je suis seule aux manettes de l’Agence LYONNES.
Julie et Emma ont rejoint la meute car très vite, les contrats clients ont été nombreux et je ne parvenais pas à tout honorer seule. Il faut dire qu’avec le Covid-19, la demande en digital et création de contenu a explosé.
Pour quelles raisons as-tu voulu créer ton agence de communication ?
Je n’ai pas vraiment voulu… J’avais envie d’entreprendre mais pas forcément dans ce secteur. C’est le hasard de la vie qui m’a menée à cela. J’ai été au plus simple, avec ce que j’ai appris à faire à l’école 🙂.
De quoi as-tu eu besoin pour te lancer ?
Un ordinateur, un téléphone, et internet… J’ai vraiment commencé doucement.
Les premiers mois, je me souviens que je faisais 400€ de CA. Mais j’avais choisi un métier que je pouvais faire de chez moi et qui ne nécessitait pas beaucoup de matériel ! Je n’ai pas eu besoin de faire d’investissements de départ, ni d’aller voir la banque. Je me suis lancée sans trop savoir où j’allais…
J’ai la chance d’avoir un grand nombre d’ami(e)s entrepreneurs/euses. J’échange énormément avec eux ! J’apprends beaucoup de leurs expériences depuis le début. C’est l’une de mes forces je crois…
Comment as-tu géré la transition financièrement ?
Je louais régulièrement mon appartement sur AirBNB (c’était encore autorisé pour les locataires à cette époque-là !). Et grâce à la rupture conventionnelle, je touchais les allocations chômage qui m’ont beaucoup aidée.
Certains mois je gagnais mieux ma vie que quand j’étais en CDI en agence. D’ailleurs, j’ai tellement repoussé mes droits, que 5 ans après j’ai toujours une petite cagnotte Pôle emploi.
En quoi consiste l’activité de l’Agence LYONNES ?
Nous accompagnons les petites et moyennes entreprises qui ont des besoins en communication (événementiel, digital et relations publiques) sans avoir les ressources nécessaires en interne. Concrètement, je réalise des stratégies de communication, du suivi de projet, je crée beaucoup de contenus vidéos/photos, je gère des réseaux sociaux…
Bref, nous nous occupons de tout ce que les clients n’ont pas le temps de gérer !
Qu’est-ce qui te plait aujourd’hui dans ton métier et dans ta vie d’entrepreneure ?
Le fait d’avoir sans cesse de nouveaux challenges et de toujours avancer malgré les difficultés.
J’aime aussi rencontrer de nouvelles personnes au quotidien, les accompagner dans leurs propres challenges de développement et la fierté ressentie lorsque les résultats sont atteints.
Et transmettre, notamment à travers ma posture de manager.
Ce qui me plait le plus en étant ma propre boss : être libre de mon emploi du temps et n’avoir de compte à rendre à personne (sauf mes clients dans une certaine mesure). J’aime cette liberté !
Quelles difficultés et quelles joies as-tu rencontrées depuis que tu es entrepreneure ?
Pour moi la plus grande difficulté a été le moment où j’ai arrêté de travailler avec la personne avec qui je m’étais lancée. Il y a eu une bataille d’égo qui, à l’époque, m’a beaucoup affectée personnellement. J’ai même douté de mes capacités à continuer seule.
Mon association est certainement la seule chose que je referais différemment si j’en avais la possibilité. Pour autant, je suis persuadée qu’une association peut-être une très bonne chose pour la vie d’une entreprise.
Heureusement, j’ai fait le choix d’intégrer un nouveau coworking à ce moment-là. Je n’aurais pas pu mieux tomber : j’étais avec 3 autres girl boss, devenues des amies, qui m’ont donné l’énergie de me battre pour que ça continue !
Les joies :
– Partager au quotidien avec mes clients, mes amis entrepreneurs
– Avoir toujours plus de personnes qui me font confiance, travailler avec de belles adresses lyonnaises
– Des petites joies comme : avoir mon premier poste en cowork, puis mon propre bureau, embaucher une première alternante, puis une deuxième.
– Avoir donné des cours à la fac autour de mon métier
– Avoir des clients-copains !
Qu’est-ce que tu te dis en regardant ton parcours aujourd’hui ?
Bien joué meuf !
Franchement, quand je repense à la Mathilde qui s’est bagarrée pour avoir sa rupture conventionnelle, je me dis… sans regret ! Je ne pensais vraiment pas être capable de faire tout ça. J’ai été au-delà de beaucoup de mes peurs depuis que j’ai commencé à entreprendre.
C’est fou cette évolution en 5 ans ! Ma vie a complétement changée. Chaque trimestre, il y a des évolutions notoires. C’est toujours un peu difficile de s’en rendre compte mais mes proches me le rappellent souvent dans les moments de doute…
Quels sont tes projets et tes rêves pour la suite ?
Je n’envisage pas de travailler dans la communication (surtout le digital) toute ma vie. J’ai du mal à accepter que mon travail soit guidé par une intelligence artificielle (les fameux algorithmes des réseaux sociaux).
Sur le moyen terme, j’envisage de me former au métier de décoratrice d’intérieur afin de continuer de pratiquer un métier où conseil et création sont mêlés. Une fois que je serai formée, j’aimerais pouvoir monter mon agence d’aménagement d’espace et, pourquoi pas mêler cela à des prestations de création d’identité de marque afin de combiner marketing et décoration.
A plus long terme, je m’imagine quitter la ville pour la campagne, acheter une maison à rénover pour monter un nouveau business : une maison d’hôtes. Je ferai cela quand j’aurais 40 ans et que j’en aurai ras le bol du centre-ville de Lyon 😊
Quelles sont, selon toi, les difficultés d’une reconversion et comment les dépasser ?
Pour moi c’est la question financière.
Il faut pouvoir s’assurer de conserver un revenu (même moindre) suffisant pour vivre. Si tu n’as pas de conjoint ou de famille qui peuvent assurer tes arrières, il faut que tu t’organises pour avoir des revenus pendant ton éventuelle formation et le lancement de ta boîte.
En revanche, une fois lancée, l’un des avantages de l’entrepreneuriat à mon sens est de pouvoir vite upgrader tes revenus.
Que conseillerais-tu à une femme qui souhaite se reconvertir mais n’a pas encore osé franchir le pas ?
Même s’il y a des moments difficiles (comme dans tous les métiers d’ailleurs), la liberté que cela te procure n’a pas de prix !
On passe tellement de temps à travailler, autant que ce soit pour ta pomme que celle d’une entreprise qui n’est pas la tienne.
Ta citation favorite
« Il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions. »
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