Gaëlle : la reconversion à 360° d’une sage-femme devenue pâtissière

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« Si je n’avais pas fait sage-femme, je ne serais pas la pâtissière que je suis en train de devenir !  »

Raconte-nous ton parcours.

Après un bac S, j’ai fait la 1ère année de médecine. Je suis arrivée 408e sur les 412 personnes prises ! Pour finalement décider de ne pas être médecin (au désespoir de mon père…) mais sage-femme !

À 23 ans, après 4 ans d’études à l’école de sage-femme, j’ai obtenu mon diplôme et je suis partie à Mayotte avec mon copain.

Trop folle expérience qui a duré 2 ans !

Les premiers mois ont été difficiles car en tant que jeune sage-femme, je me mettais beaucoup de pression, j’avais peur de me tromper, d’oublier des choses. Et Mayotte est la plus grosse maternité de France. C’est une vraie « usine à bébés », les femmes accouchent à la chaîne. Quand il n’y a plus de place en chambre, elles accouchent dans les couloirs !

Depuis quelques années, je suis passionnée de cuisine. Ça a commencé au début de mes études alors que je vivais chez mes parents. J’ai commencé par acheter des livres puis à m’entrainer sur des recettes.

J’aime le côté convivial et chaleureux de la cuisine et, ce que j’aime par-dessus tout, c’est le plaisir que ça peut procurer aux gens de manger quelque chose de bon.

C’est drôle car je cuisine surtout pour les autres, très peu pour moi !

À Mayotte, je restais beaucoup chez moi lorsque je ne travaillais pas et j’ai vite fait le tour de Netflix !

La cuisine me manquait beaucoup, et je n’avais pas pris mes livres de cuisine.

Un jour, je me suis dit « tiens, je passerai bien les CAP cuisine et pâtisserie !».

Mon copain m’a soutenue et encouragée dans ce projet et je me suis lancée dans un CAP cuisine à distance que je travaillais pendant mon temps libre.

De base, je suis plus pâtisserie que cuisine. Mais je voulais d’abord mon CAP cuisine pour apprendre les fondamentaux.

Je suis rentrée en France en juillet 2019, pour un contrat d’un an dans la maternité d’une clinique de Metz. Je ne m’y sentais pas épanouie tellement c’était différent de Mayotte. 

J’avais pour projet de m’installer à Lyon donc plutôt que de reprendre un boulot en maternité à l’issue de ce contrat, je me suis consacrée à mon CAP cuisine.

J’ai fait un stage dans un restaurant. Et là je me suis dit « ah ouais ! ».

J’ai eu la même adrénaline qu’en salle de naissance, avec les coups de bourre, sans la pression de te dire que si tu oublies le moindre truc, la vie d’une maman ou d’un bébé est en jeu.

Parce qu’une intoxication alimentaire, c’est important, mais soyons honnêtes, c’est une autre pression !

J’ai obtenu mon CAP cuisine en octobre 2020.

Une fois arrivée à Lyon, je n’avais pas envie de retourner dans une maternité, ça me plombait le moral rien que d’y penser. Et je ne voulais pas m’installer en libéral car je ne voulais pas être seule.

Comme la pâtisserie m’éclate depuis toujours et que je suis plus « sucré », j’ai donc décidé de faire un CAP pâtisserie en alternance sur 1 an (car j’avais déjà mon CAP cuisine).

 

Mais alors…pourquoi quitter ton ancien job de sage-femme ?

J’aimais beaucoup exercer en tant que sage-femme. Tu es présente dans la vie des gens dans des moments importants et inoubliables.

Lorsque je dis aux gens que je me suis reconvertie pour devenir pâtissière, ils sont souvent interloqués et me demandent « mais pourquoi ? C’est un si beau métier sage-femme ! ».

Et, c’est vrai que sage-femme est vu comme le plus beau métier du monde pour beaucoup…mais pas pour moi.

Aussi, il faut savoir que comme beaucoup de métier de la santé, les conditions de travail sont mauvaises et le salaire pas à la hauteur, malgré 5 ans d’études et de grandes responsabilités. Nous sommes souvent en sous-effectif et la charge de travail est énorme. Même si tu fais ce métier pour ce que tu apportes aux patientes, le manque de moyen mis à notre disposition aujourd’hui fait que tu ne peux pas faire ton travail correctement.

Il y a toujours le choix de faire sage-femme en libéral, mais ce n’est pas la même adrénaline qu’en salle d’accouchement. 

Aussi, je suis très perfectionniste et exigeante envers moi-même. Je me mettais donc une pression monstre, d’autant plus que la moindre erreur pouvait porter atteinte à la santé de quelqu’un…Même si j’avais de bons retours sur mon travail, j’avais l’impression de ne pas être à la hauteur.

Et surtout je ne me sentais pas épanouie, pas à ma place. Il y avait un truc qui me pesait.

Comment s’est passée ta reconversion ?

J’ai commencé par me former sur mon temps libre pour faire un pas dans le monde culinaire en douceur sans lâcher le boulot de sage-femme puis complètement me dédier à l’univers culinaire en optant pour un CAP pâtisserie en alternance.

Je ne me suis pas mis de pression.

Je me suis dit « je teste pour ne pas avoir de regrets et si ça ne marche pas, si je ne me sens pas bien, j’aurais essayé et je retournerai à mon métier de sage-femme ».

Comment a réagi ton entourage ?

Mon conjoint m’a tout de suite soutenue et encouragée. Il a d’ailleurs lui aussi fait une reconversion.

Pour ma famille en revanche…

Ma grand-mère a eu du mal à comprendre (elle aurait aimé être sage-femme, donc elle vivait un peu son rêve à travers moi). Mais elle m’a transmis le virus de la pâtisserie avec ses gâteaux.

Mon père, qui lui aurait aimé être médecin, était déjà un peu déçu que je ne suive pas cette voie qui était selon lui synonyme de réussite sociale et de bonne rémunération !

« Avec de l’argent, tu peux faire ce que tu veux, donc tu seras heureuse ! Alors que pâtissière… « tu pourrais tellement faire plus Gaëlle ! ».

 « Plus qu’être heureuse ? »

En effet, mon bonheur était ailleurs. Je n’aurais pas été heureuse en étant médecin avec 10 000 € de salaire, c’est juste ça !

Mais finalement en tant que sage-femme j’étais la fierté de toute la famille.

Alors ils ont d’abord cru que je passais les CAP pour m’occuper, me challenger et que je n’en ferais rien (c’est ce que je leur disais aussi pour les rassurer).

Mais une fois que j’ai commencé à faire mon alternance en pâtisserie, ils se sont bien rendu compte que je m’épanouissais personnellement et professionnellement.

Aujourd’hui, mon père est très fier et il me soutient. Il ne me reparle plus du tout du métier de sage-femme. Et ma grand-mère me demande même des recettes !

Qu’est ce qui a été le plus difficile dans ta reconversion ?

Au début, j’avais peur de me lancer « oui j’ai envie de faire de la pâtisserie, mais qu’est ce qui me dit qu’au niveau pro ça va vraiment me plaire et que je serai vraiment douée ? Parce que c’est bien beau de faire un gâteau à la maison mais d’en faire 50 pour des clients, c’est différent ».

J’ai fini par me dire que si je ne le faisais pas j’aurais des regrets.

Et quoi qu’il en soit, j’avais toujours la possibilité de redevenir sage-femme.

Le plus compliqué a été de me sentir un peu comme un imposteur au début, comme si je n’étais pas légitime, et que vu mon âge et mon niveau d’études, je n’avais rien à faire là aux yeux des autres.

Mais ce sentiment s’est vite estompé grâce aux encouragements de mon maitre d’apprentissage. Il me dit lorsque c’est bien et, quand c’est moins bien, il me dit comment m’améliorer.

Aujourd’hui je me sens douée pour quelque chose, ce qui n’était pas le cas lorsque j’étais sage-femme.

Aussi, s’adapter au rythme de vie car se lever à 4h30 c’est compliqué, on ne va pas se mentir ! Mais une fois que je suis au boulot, j’oublie vite ! Et puis tu peux faire tes courses l’après-midi quand il n’y a personne dans les magasins, ça fait gagner du temps !

Qu’est ce qui te plaît le plus, aujourd’hui, dans ton métier ?

En vrai ? Faire de la pâtisseriiiiiiiie !

En apprendre toujours plus, découvrir des techniques.

Je ne m’ennuie jamais. Dès que j’arrive à faire quelque chose, on me pousse à aller plus loin ou alors on change les produits proposés. Je m’éclate vraiment. Je découvre ce que c’est de ne pas regarder les heures passées au travail et de ne pas rechigner à y aller.

Je vis H24 pâtisserie, c’est ouf !

Je suis au boulot toute la journée, je rentre et je regarde toutes les émissions culinaires possible et imaginable ! Je vais regarder mes livres de cuisine, maintenant je m’achète même des magazines.

Et pour m’endormir, je pense à mon projet d’ouvrir un salon de thé, comment j’ai envie qu’il soit, et quels produits je veux y proposer.

Lorsque j’étais sage-femme je n’ai jamais eu cet engouement : je donnais mon max, je faisais du bon boulot, mais je n’avais pas l’impressions d’être « douée » pour ça. Et une fois rentrée à la maison c’était fini.

Alors que la pâtisserie, j’ai l’impression d’être faite pour ça, de tout percuter dans mes apprentissages avec une grande fluidité.

Quels sont tes atouts aujourd’hui en tant qu’ancienne sage-femme ?

L’esprit d’équipe. À Mayotte, nous avions toutes le même âge et il y avait une cohésion d’équipe de ouf.  Dès qu’on avait le temps, ne serait-ce que 2 minutes, on ne se posait même pas la question de savoir si on avait envie de faire pipi ou de manger, la seule chose qui nous intéressait était d’aller aider les autres, et ça c’est hyper important, dans toute entreprise !

La rigueur, la précision et la propreté. En tant que sage-femme, si tu n’es pas organisée et rigoureuse, tu t’éparpilles. Là, en pâtisserie, mon plan de travail est toujours propre, et mes gestes sont précis.  

Le contact avec les gens. J’aimais donner des conseils, être présente dans ce moment si important dans la vie des femmes. Elles étaients très reconnaissances et j’étais satisfaite de leur apporter quelque chose. Pour ma reconversion, j’avais besoin de garder ce contact avec les gens, et de leur apporter « un truc » en plus !

En vrai, si je n’avais pas été sage-femme, je ne serais pas la pâtissière que je suis en train de devenir !

Comment définirais-tu ta reconversion ?

Pour les autres, atypique. C’est ce que les gens me renvoient, quand je leur dis que j’étais sage-femme et que je suis devenue pâtissière.

Pour moi, c’est une renaissance. Quand tu commences à t’épanouir dans ce que tu fais, même dans ta vie perso tu es mieux. Tout est lié.

Qu’est-ce que tu te dis en regardant ton parcours ?

Je suis fière, car j’ai toujours été au bout de mes expériences et je ne regrette rien du tout.

Quels sont tes projets et tes rêves ?

Ouvrir un salon de thé à la montagne !

Un endroit moderne et chaleureux. J’imagine une énorme armoire avec des produits à la vente comme des confitures maison et des livres que les clients pourront emprunter.

Je proposerai des produits classiques (des tartes ou des marbrés pour rendre hommage à ma grand-mère en reprenant ses recettes), une partie salée (sandwiches, soupes, salades) et une pâtisserie plus élaborée (avec des entremets par exemple).

Mais avant, je veux finir mon année. Pourquoi pas faire une mention complémentaire chocolat-confiserie. Et surtout faire de l’expérience en tant que salariée et mûrir mon projet !

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans une reconversion mais n’a pas encore osé franchir le pas ?

Si tu as une idée en tête, et que ça ne te lâche pas, c’est qu’il faut y aller ! La cuisine est revenue à moi à Mayotte. Tu n’échappes pas à ton destin. Si ça revient, que tu as un doute, vas-y. Les regrets c’est ce qu’il y a de pire.

Alors fonce pour ne pas avoir de regrets ! Notre génération n’est même pas sûre d’avoir un jour une retraite, alors autant aimer se lever le matin et aimer ce qu’on fait de nos journées.

Si je n’avais pas franchi le pas, je ne serais pas heureuse aujourd’hui.

Et si tu n’es pas bien dans ta reconversion, tu as toujours tes diplômes ou expériences précédentes. Quoi qu’il en soit, tu en retireras toujours quelque chose (sur toi, sur un domaine…), tu en sortiras forcément gagnante. 

Ta citation favorite

« Vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets ! »

Retrouve Gaëlle

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L’essentiel à retenir

Trouver SA voie

Et pas celle que ta famille a choisi pour toi ou qui est « bien vue » par la société !

Ne pas négliger ses loisirs, centres d'intérêts et passions

Car ils contribuent à l’épanouissement et à l’équilibre vie pro-vie perso. Et qui sait ? Peut être que ton nouveau départ professionnel est lié de près ou de loin à l’un d’entre eux !

Commencer sa reconversion en étant en poste, c'est possible !

Gaëlle a commencé à se former au CAP cuisine à distance tout en étant en poste à la maternité de Mayotte. Il existe de nombreuses façons de se former aujourd’hui, notamment les soirs, les week-end ou par des formations en ligne, totalement compatibles avec un emploi (tant que la motivation est là !)

Foncer pour ne pas vivre avec des regrets

Le plus grand risque est de trouver la voie qui te permettra enfin de t’épanouir ! Quoi qu’il en soit, tu en sortiras forcément grandie par les apprentissages que tu auras fait sur toi-même ou sur un nouveau domaine d’activité. Et tu auras toujours la possibilité de retourner à ta précédente activité car les diplômes et/ou l’expérience seront toujours là !

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Astrid Van Minden

Fondatrice & Coach en réinvention professionnelle.
Ma vision : une agence digitale dédiée à l’épanouissement professionnel des femmes. Bienvenue chez COMP&SENS !

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